lundi 8 novembre 2010

En Focusing, des questions importantes sont traitées par le jeu

Lors de la rencontre du groupe de ressourcement en Focusing, le 10 octobre, le jeu de carte des besoins et sentiments a été notre outil de liaison. Le jeu est en fait assez simple à utiliser. Une fois les étapes connues nous avons tout juste besoin d’une personne pour tenir le temps.

Le jeu comporte deux gros paquets de cartes, le premier étant composé de sentiments (avec images et couleurs) et le deuxième de besoins (identifiés selon 5 couleurs correspondant aux catégories de Maslow). Chaque joueur a un tour de jeu d’environ 20 minutes. Le joueur choisit d’abord une situation de sa vie actuelle à laquelle il veut consacrer cette session d’écoute. Il consacre les 5 premières minutes de son tour de jeu à exposer la situation qu’il a choisit. Les cartes des sentiments sont alors partagées entre les joueurs qui écoutent. Chacun propose à tour de rôle des cartes pouvant correspondre à ce qui était ressenti par la personne lors de l’évènement raconté.

Le joueur garde les cartes qui lui conviennent et prend ensuite toutes les cartes qui restent pour voir si celles qui n’ont pas été sélectionnées par ses écoutants pourraient lui convenir. Le joueur voit comment il se sent avec «tout ça», le visionnement et la manipulation des cartes lui permettant d’entrer en résonance avec le sens corporel.

Dans la troisième et dernière partie du tour de jeu, le joueur prend les cartes de besoins et voit quels sont ses besoins concernant l’histoire racontée. Un des joueurs écoutants lui reflètera alors ses besoins.

Les règles du jeu de carte sont décrites sur le site de Beatrice Blake qui a été l’instigatrice de ce jeu dans la communauté du Focusing.

Nous avons expérimenté le jeu et en avons créé une version plus élaborée en y ajoutant de la couleur, des images et des propositions expérientielles.

jeudi 30 septembre 2010

Le collage expérientiel

La méthode du collage expérientiel en Focusing telle que présentée par Akira Ikemi et son équipe comporte trois aspects caractéristiques:
  • La manière dont la personne qui fait le collage en explore le sens par elle-même
  • La manière dont la personne qui fait le collage accède au sens que porte le collage par une interaction en partenariat (ou autre forme d'accompagnement)
  • La manière unique dont le sens corporel accompagne chaque collage
Le processus débute par le choix d'une couleur et d'un format de papier pouvant convenir au sens corporel de la personne au moment présent. Des revues sont disposées sur une table où la personne peut aller choisir celles qu'il/elle rapportera à sa place. Chacun a besoin de colle et de ciseaux pour découper et coller les images et les mots qui l'appellent. Nous précisons à la personne qu'elle n'a pas à faire une histoire avec son collage. Elle coupe et colle les images qui l'appellent même si elle n'en connaît pas le sens.

Pour explorer le sens du collage, la personne est d'abord invitée à en parler librement. Dans une perspective orientée vers le Focusing, chaque coupure est un seuil permettant d'accéder au sens corporel, un point de départ pour le déploiement de nouvelles significations.

La personne qui accompagne pourra ensuite ajouter quelques questions de type expérientiel permettant d'obtenir ainsi un développement plus approfondi du sens corporel ex: «Comment te sens tu en ce moment en lien avec le collage dans son ensemble?» «Ce collage pourrait-il avoir un titre?» «Est-ce qu'il y a une image ou un mot qui attire particulièrement ton attention?», etc.

Il y a habituellement dans le collage quelque chose de singulier, quelque chose que la personne «ne connais pas encore». Il est possible de mettre alors l'accent sur l'exploration de ce qui émerge nouvellement dans le but d'en apprendre quelque chose.

Dans le collage qui est présenté ici, l'élément nouveau pour moi était la harpe... J'avais d'abord choisi l'auto et la harpe m'avait été donnée en prime, comme un cadeau que l'on n'attendais pas. J'ai pris un peu de temps pour bien ressentir l'étrangeté de cette harpe dans mon tableau. Il y avait dans la sensation de cette harpe quelque chose de solide et... mélodieux... comme une musique des anges venue du ciel, une émanation spirituelle. La harpe suggérant un sens d'harmonie, la perfection en tout... dans chaque brin de végétation qui s'installe sur les pierres.

Le Chemin de Soi

Le Chemin de Soi en 10 escales est une présentation du Focusing dans son ensemble. Il peut être lu dans une perspective de retour à soi.

Lire et méditer chacune des escales et voir ensuite si l'on a besoin de quelque chose de plus.

Le partenariat et le groupe de ressourcement sont deux outils disponibles dans la communauté du Focusing afin de compléter et de soutenir l'accès au processus intérieur.

Le chemin de Soi est un autre nom pour le Focusing. Il est possible de faire escale là où on se sent appelé:

L'écoute et la présence
Le ressenti corporel
Le dégagement d'espace
Le mouvement intérieur
La bienveillance
Soutenir la présence
Différentes parties de soi
Les autorités internes
Le point de départ du voyage
Dans ma vie

1ere escale du Chemin de Soi: l'écoute et la présence

La question est dans la présence d’un être humain à un autre, la reconnaissance de l’autre personne dans son être intérieur. Même s’il s’agit d’un chat ou d’un oiseau, si vous essayez, par exemple, d’aider un oiseau blessé, la première chose que vous devez savoir est qu’il y a quelqu’un à l’intérieur et que vous devez attendre que cette « personne », cet être intérieur, soit en contact avec vous.(E.T. Gendlin)
Je commence maintenant à faire silence.

Je fais une pause dans le tumulte habituel de la vie.

Je commence à écouter ce qu'il y a en moi.

Je dépose mes pensées et mes préoccupations.

J'offre aussi ma présence aux autres dans le même esprit.

J'écoute à partir d'une place profonde et calme en moi.

J'écoute et je prends soin des mots qui me sont confiés.

J'écoute aussi les silences, les gestes, les attitudes.

2e escale du Chemin de Soi: le ressenti corporel

Je porte attention à mon corps.

Je sens le contact de mes pieds avec le sol.

J'amène mon attention au centre de mon corps.

Je porte attention à ma respiration, je l'accompagne, je l'écoute.

Je demande intérieurement: «Comment je me sens en ce moment?» ou «Comment je me sens par rapport à cette situation?» ou «Qu'est-ce que je ressens à propos de cette tension, de ce malaise ou de cette douleur dans mon corps?»

Je peux aussi simplement regarder le temps qu'il fait en moi: Est-ce chagrin, joyeux, électrique?

Je suis présent à ce qui, en moi, demande mon attention.

3e escale du Chemin de Soi: le dégagement d'espace

Si des pensées ou des préoccupations se bousculent dans ma tête, je vois s’il est possible de les déposer.

J'imagine un endroit où je peux laisser les pensées et les préoccupations pour un moment.

Pour chaque problème déposé, je prends le temps de voir si je respire un peu mieux en ressentant à nouveau la vie sans ce problème.

Je regarde ensuite s'il y a un autre problème à déposer.

Je ressens maintenant à nouveau la vie sans ces problèmes.

Je me sens exister de façon «fraîche» et «nouvelle».

Je sais maintenant que je suis plus que ce que je porte.

Il y a moi et il y a «ça». Je peux choisir ce que je veux regarder aujourd'hui, maintenant ou plus tard.

4e escale du Chemin de Soi : le mouvement intérieur


Je reste avec ce qui est là
 Je regarde en moi si quelque chose demande mon attention.

Je regarde de quelle manière cette chose se manifeste en moi.

Je regarde où ça se situe dans mon corps.

Si c'est possible, je trouve un mot, une image, un son ou un mouvement pour le décrire.

J'entends ce que ça dirait si ça pouvait parler.

Je suis curieux sans chercher à changer ce qui est là.

Je prends soin de moi lorsqu'il m'est difficile d'accepter ce qui est là. Je peux aussi accepter de ne pas y arriver parce que c'est comme ça en ce moment.

J'observe, je demande de quoi ça a besoin, je remercie.

Je suis accompagné par quelqu'un si j'en ai besoin.

5e escale du Chemin de Soi : la bienveillance

Je suis ici dans une attitude d'accueil et d'ouverture.

J'offre une simple présence humaine.

Je ne suis pas «spécialiste» de l'écoute.

Lorsque j'écoute, je veux juste aider la personne à rester en contact avec elle-même.
 
Rue de la bienveillance il y a des espaces privés. Je peux être écouté sans avoir à tout dire de mon histoire.
 
Ce que je dis reste confidentiel.
 
J'apprends à être bon/bonne avec moi-même et avec les autres. Je sais qu'une attitude bienveillante envers une personne, lui permettra de développer cette même bienveillance envers elle-même.

vendredi 10 septembre 2010

6e escale du Chemin de Soi: Soutenir la présence

Dans l'écoute, je laisse le mouvement de se déployer.
Je reste en lien avec ce qui est ressenti.
Je suis sensible au rythme et au chemin qui se fait.
Je respecte la fluidité particulière à chaque écoute.

Prendre un moment pour accueillir ce qui est bon
Voir si c'est OK de rester avec quelque chose de difficile
À quoi ça ressemble?
Qu'est-ce qui est le pire dans ça?
Qu'est-ce qui est le plus important dans ça?
De quoi ça aurait besoin?

Respecter les silences

Je ne fais presque rien.
J'assiste à l'émergence du ressenti.
Je vérifie si mes interventions sont adéquates.
Le ressenti est mon guide.

7e escale du Chemin de Soi: Différentes parties de soi

Je sens des contradictions, nœuds, blocages en moi.
Je ne peux pas avancer lorsque deux parties s'opposent.
Je reconnais d'abord les parties qui se manifestent.

Je les accueille comme des invités.
Une émotion, une peine, une colère, je dis bonjour à chacun.
 
Je trouve la meilleure manière de décrire comment chacun est en moi, dans mon corps…. Si ça me semble juste, je m’assoie avec mes invités pour mieux les connaître. Je laisse savoir à chacun que je l’entends… Je l’invite à m’en apprendre un peu plus…

8e escale du Chemin de Soi: Les autorités internes


J'entends parfois des voix qui critiquent en moi.
J'entends: tu n'est pas OK.
Tu n'est pas assez ceci ou tu es trop cela.
Toujours/Jamais/Rien ne va changer
Lorsque j'entends ces voix je peux en être effrayé.
Découragé/Triste/Démuni.
Je peux aussi être en opposition, en réaction.


JE NE ME SENS PAS BIEN/JE MANQUE D'ÉNERGIE/JE SUIS TENDU/JE NE VEUX PLUS ÊTRE LÀ
 
Entendre les voix critiques en nous permet de reconnaître plus facilement lorsqu'un travail de sape est à l'œuvre et nous apporte une liberté nouvelle: celle d'agir autrement:
 
PROTÉGER L'ENFANT BLESSÉ/APPORTER DE LA BIENVEILLANCE

9e escale du Chemin de Soi: Le point de départ


Je veux aller en moi.
Je ne sais plus ni ou ni comment trouver le chemin. Je fais d'abord une pause et j'entre dans la présence.

Quelqu'un peut-il m'écouter?
Rue de la bienveillance c'est où?
Je choisis ce qui me conviens: moi, avec un autre, un groupe.

10e escale du Chemin de soi: Dans ma vie


Le chemin de soi s'intègre dans ma vie.
Je me demande s'il y a de la place pour:

  • Ressentir ce qui est vivant en moi
  • Être bon/bonne avec moi-même
 
Comment ça va pour moi en ce moment Comment je me sens?
Qu'est-ce qui me manque pour que ça aille tout à fait bien?
Qu'est qui me dérange le plus dans ça?
Quel est le nœud de cette décision?
Qu'est-ce qui bloque ou qui empêche?

D'où vient cette colère? Cette tristesse?

vendredi 3 septembre 2010

Le Focusing Relationnel

Le Focusing Relationnel est un mode de relation égalitaire entre les individus formant une collectivité, ce mode de relation débutant toujours par une bonne communication à l’intérieur de soi. Le Focusing Relationnel clarifie et améliore la communication avec soi (intrapersonnelle), entre deux individus (interpersonnelle), au sein d’un groupe ou d’une organisation (organisationnelle) ou dans le contexte d'une collectivité (collective).
Une particularité importante de cette approche est qu’il n’est pas nécessaire d’être en difficulté pour utiliser le Focusing. La pratique sociale du Focusing ne requiert pas la présence de thérapeutes mais plutôt celle d’intervenants habilités aux processus de groupe, possédant les outils spécifiques de cette approche et ayant la capacité d’initier la création de groupes et/ou de partenariats utilisant le Focusing et autres processus d’Attention Inter Humaine et de les rendre autonome dans l’utilisation des processus.

Le Focusing devient ainsi une pratique sociale, on parle de Focusing relationnel, social, collectif, communautaire…parce qu’il est utilisé dans un contexte de groupe et pour une meilleure compréhension entre les personnes.

Un vaste champ d’exploration multidisciplinaire s’ouvre ainsi lorsque le Focusing dépasse le cadre de la pratique individuelle (chacun pour soi) et celui de la pratique thérapeutique (un client pour un thérapeute) et c’est ce champ que nous nous proposons d’explorer avec l’approche du Focusing Relationnel.

Programme de Certification en Focusing Relationnel.

mardi 31 août 2010

Pour une vision intégrale du Focusing

Dans un souci de relier l’épanouissement personnel au développement durable, Ken Wilber propose une carte intégrant l’ensemble des systèmes et des modèles existants au niveau de la croissance humaine. Il nous offre les principaux ingrédients de sa compréhension du monde sous la forme d’éléments ou clés pouvant, par leur lecture, faciliter l’évolution humaine dans son intégralité.

Quel que soit notre point de départ, l’utilisation de la carte intégrale nous permet d’abord de vérifier que nous sommes bien en train de couvrir tout le terrain. Elle nous servira ensuite à communiquer avec d’autres disciplines ou champs de spécialisation.

C’est un peu ce que j’ai cherché à faire dans cet exercice et mon but est de vous proposer une première lecture du Focusing selon l’approche intégrale. Cette lecture pourra bien sûr être revue, corrigée et/ou améliorée par les intervenants en Focusing ayant acquis une compréhension de l’approche intégrale.

Mentionnons d’abord les quadrants qui constituent la base de la cartographie de Wilber. Les quadrants, que nous pouvons identifier dans le diagramme AQAL ci haut, représentent les quatre dimensions ou perspectives liant notre univers. Il est primordial de bien saisir que tout évènement dans le monde manifesté possède les trois dimensions qui ont présidées à la création des quatre quadrants soit : le «je», le «nous» et le «ça». Il est toujours possible (et souhaitable) de regarder tout aspect de l’expérience humaine à partir de ces trois points de vue. Le «je» est le domaine du subjectif, comment moi personnellement je vois et ressent les choses. Le «nous» constitue une vision ou un sens partagé avec d’autres. Le «ça» consiste à décrire l’objet, la situation ou l’évènement à partir de faits «objectifs» pouvant être nommés et répertoriés.

Les quatre quadrants sont obtenus en divisant le «ça» en ses éléments singuliers et pluriels. Ainsi toute figure qui représente les quatre quadrants indique le «je» (l’espace intérieur de la personne), le «ça» (ce qui est perçu et observable de l’extérieur de l’individu), le «nous» (l’espace intérieur collectif) et le «eux» (ce qui est perçu et observable à partir de l’espace extérieur du collectif).

Quel rapport tout cela a-t-il maintenant avec le Focusing et son enseignement? La carte de la vision intégrale peut nous être utile pour faire une lecture du Focusing dans chacun des cadrans et voir ainsi ou en est notre développement.

Quadrant 1: Le Focusing est une approche de travail intérieu (Je)
Quadrant 2: Le Focusing a été modélisé et son processus peut être observé de l'extérieur (Ça)
Quadrant 3: Le Focusing se conjugue au pluriel (Nous)
Quadrant 4: Les structures sociales peuvent intégrer le Focusing (Eux)

Les grands axes de développement du Focusing

Le Focusing est une approche de travail intérieur (Je)

Considérons d’abord que le Focusing est vécu à partir du «je». Personne ne niera qu’il s’agisse bien d’une approche de travail intérieur. Le Focusing donne une place importante à tout ce qui peut se percevoir en nous : émotions, pensées, sensations. Ce qui constitue toutefois la base ultime de notre perception globale des choses a été spécifiquement nommé par E.T. Gendlin comme étant le «felt sense», traduit en français par «ressenti corporel» ou «sens corporel».

On dit du Focusing qu’il s’agit d’une approche expérientielle car, lorsque nous l’enseignons, nous demandons aux gens d’en faire d’abord l’expérience en eux. Cet aspect est extrêmement important car nous croyons que cette manière d’être en relation avec l’intérieur de soi est la pièce manquante de plusieurs approches qui prônent le développement personnel et la communion entre les humains.

Nul ne contestera ici un ancrage très fort du Focusing dans le cadran individuel/ intérieur.

Le Focusing a été modélisé et son processus peut être observé de l’extérieur (Ça)

L'échelle d'experiencing
Un autre point important dans l’approche du Focusing et dans son enseignement est qu’il a une base scientifique. Le processus s’observe de l’extérieur (il y a un «ça»). Une échelle a été créée pour observer des personnes en situation de processus et voir où elles se situent dans leur capacité à accéder à l’espace intérieur et à y puiser des ressources et une direction de vie. Cet outil, nommé «échelle d’experiencing» a été utilisé dans plusieurs recherches de niveau universitaire. Les résultats tendent à démontrer que l’enseignement du Focusing augmente la capacité d’experiencing d’une personne, c'est-à-dire sa capacité à entrer plus profondément ou plus pleinement dans son espace intérieur pour en apprendre quelque chose (voir la recherche).


Le processus de Focusing amène un changement à l’intérieur de la personne. La manière dont ce changement se produit a été décrite par E.T. Gendlin dans son ouvrage de base : «Une théorie du changement de la personnalité». Le mouvement intérieur est généralement perçu comme un mouvement de guérison et/ou d’actualisation et il a également été possible d’en observer certaines manifestations physiologiques (ondes cérébrales, synchronisation des hémisphères du cerveau, rythme cardiaque).

En plus d’un instrument de mesure (experiencing), d’une théorie (changement de la personnalité) et de manifestations physiologiques observables, le Focusing offre un processus modélisé en six étapes afin de permettre son enseignement.

Lorsque le processus de Focusing est bien intégré, un deuxième niveau s’offre à l’individu qui souhaite accéder à la création et mettre lui-même au monde ce qu’il porte d’unique. Ce deuxième niveau, celui de la Pensée au Seuil de l’Émergence (PSE), est également modélisé sous forme d’étapes pouvant aller jusqu’à la création de théorie.

Le Focusing se conjugue au pluriel (Nous)

Nous sommes des êtres relationnels. C’est pourquoi le processus du Focusing, décrit au départ comme étant individuel et intérieur, a rapidement été conjugué au pluriel. Il a d’abord été intégré dans le contexte thérapeutique et se présente aujourd’hui de multiples autres façons.
Dans l’approche du Focusing Relationnel, nous plaçons à l’avant plan le partenariat, les groupes de ressourcement ainsi que la création de communautés d’apprenants. Au-delà de la formation des intervenants, ce programme a pour but de :
  • Développer une compréhension claire du Focusing en tant que modèle privilégié de présence à soi et à l’autre.
  • Développer et mettre en œuvre différentes structures participatives libres et ouvertes visant à promouvoir une pratique élargie du Focusing.
  • Dépasser la contrainte monétaire qui limite encore à ce jour l’organisation des processus de groupe.
  • Générer des modèles évolutifs favorisant la création de groupes et de structures intégrant la pratique du Focusing, celle de la Pensée au Seuil de l'Émergence (PSE) et des autres Processus de l’Attention Inter Humaine (PAIH).
L’organisation à but non lucratif Diffusion Focusing Québec, formée au Québec en 2006, est particulièrement ouverte à l’accueil de tous. Le texte de la page d’ouverture de notre site indique simplement que nous souhaitons rendre la pratique du Focusing et de l’écoute accessible à toutes les personnes de langue française intéressées par le développement de la personne humaine et par les processus de l’attention inter humaine. Une abondante documentation, dont plusieurs textes de E.T. Gendlin traduits en français, y est offerte.

Les structures sociales peuvent intégrer le Focusing (eux)

La partie la plus faible dans le développement du Focusing reste encore son intégration dans les structures sociales. Même si E.T. Gendlin avait prévu au départ une intégration à un vaste niveau dans toutes les sphères sociales, on peut dire que le rêve n’est pas encore réalisé. Actuellement, le Focusing est pratiqué en grande partie dans un cadre thérapeutique et son enseignement, dans les milieux universitaires, se fait presque exclusivement à l’intérieur des programmes de psychologie.

Le cadran inférieur droit, soit celui qui représente, dans le diagramme AQAL, les formes et les structures sociales, nous permet de voir et de questionner cet aspect de notre développement.

Considérons d’abord la présence de l’Institut de Focusing au niveau international. Les membres de l’Institut de Focusing, psychologues, enseignants, intervenants et coordonnateurs, sont répartis dans plusieurs pays à travers le monde. Une bonne partie de ces personnes, qualifiées pour enseigner et transmettre le Focusing, ont déjà fondé des organisations dans leurs pays respectifs (Voir : Diffusion Focusing Québec et Institut de Focusing d’Europe Francophone)..

Diffusion Focusing Québec
C’est à partir de ces organisations que le Focusing pourra essaimer, rayonner et rejoindre l’ensemble de ce que Gendlin et Wilber nomment le «village global». Quelques initiatives pointent déjà au niveau international : le Focusing intégré dans une organisation oeuvrant pour le développement durable en Équateur, l’enseignement du Focusing dans les villes, les villages et les communautés en Afghanistan, au Salvador, en Haïti…

Le prochain pas sera sans aucun doute celui d’une plus grande ouverture vers d’autres disciplines : gestion humaine, santé, éducation, communication, modèles organisationnels, recherche, etc. Nous savons que, dans toutes ces disciplines, les modèles intégrant le Focusing sont en cours d’élaboration.

Les grands axes de développement du Focusing

Deux grands axes de développement existent dans le monde du Focusing et ils ont été nommés par Gendlin lui-même.

L’axe du développement individuel comprend le Focusing et son prolongement naturel vers l’émergence d’une pensée novatrice : La Pensée au Seuil de l’Émergence (PSE). Le processus de la Pensée au Seuil de l’Émergence (PSE) fut introduit à l’Université de Chicago où Gendlin enseignait un cours multidisciplinaire invitant les étudiants à découvrir qu’en mettant au monde ce qu’ils «savaient» sans avoir encore les mots pour le dire, ils pouvaient contribuer à l’histoire de l’évolution. Cette pratique de la PSE, issue de la Philosophie de l’Implicite de Gendlin, conduit vers de nouveaux concepts en physique, en biologie et dans toutes les autres disciplines où elle est utilisée. L’axe du développement individuel proposé par Gendlin et qui inclus la pratique du Focusing et celle de la PSE, correspond à la partie supérieure du diagramme AQAL de Ken Wilber.

L’axe du développement collectif, correspondant à la partie inférieure du diagramme AQAL de Ken Wilber, comprend une pratique sociale du Focusing allant vers son intégration à l’ensemble des Processus de l’Attention Inter Humaine (PAIH). Gendlin, dans ses plus récents écrits élabore cet axe de développement et en trace les grandes lignes. Il propose des actions pouvant être entreprises par les intervenants et coordonnateurs de l’Institut de Focusing et nous incite à former de petits groupes afin d’oeuvrer ensemble à nos projets et de collaborer avec des groupes en provenance d’autres organisations sociales.

jeudi 18 mars 2010

Des lieux et des temps pour l'écoute

Je prépare actuellement une présentation Power Point sur la pratique sociale et relationnelle du Focusing. Je crois que la proposition de Gendlin qui m'a le plus touchée et qui m'a amenée à consacrer beaucoup de temps et d'énergie à faire la promotion du Focusing et de l'Écoute est sa proposition de construire des rôles et des temps à même le tissu social afin de permettre aux gens de se rencontrer à un niveau plus profond.

Le projet social de Gendlin n'est pas encore pleinement réalisé mais je crois qu'il progresse. Le partenariat en Focusing est déjà une importante réalisation. Il s'agit d'une nouvelle pratique sociale: deux personnes s'offrent à tour de rôle un moment d'écoute. Cette pratique est libre et non régie par l'Institut de Focusing ou quelque autre instance. Nous encourageons le partenariat et nous offrons aux gens la possibilité de se joindre à notre banque de partenariat. Nous proposons des sessions d'initiation à la pratique du partenariat mais chacun reste libre d'intégrer ce processus à sa façon.

L'écoute en individuel par un intervenant certifié en Focusing est aussi je crois une nouvelle pratique sociale. Il ne s'agit pas de thérapie. L'écoute peut toutefois comprendre une partie d'enseignement du processus. Les balises s'établissent entre un écoutant qui connaît le processus et peut «guider» une autre personne à travers les étapes et une personne qui souhaite développer son habileté à utiliser le Focusing.

De nouvelles formes sont actuellement en cours d’élaboration et le groupe de ressourcement est l’une d’entre elles.

Je vais développer ce thème dans ma présentation Power Point. Si le sujet vous intéresse bienvenu à la présentation qui aura lieu le jeudi 25 mars 2010 de 19H00 à 19H30 au 2275 Prieur Est, montréal et sera suivi d'une discussion (19H30 à 20H30) (SVP confirmez votre présence par courriel).

dimanche 14 février 2010

Une qualité en soi

Cet exercice est une véritable dégustation qui permettra à chaque personne d’aller vers ce qui lui convient au moment présent. Il s’agit d’essayer différentes qualités ou attitudes et de choisir celle qui s’ajuste le mieux au contexte de vie actuel de la personne et à ses aspirations. Il s’agit aussi d’un exercice utilisé dans l’enseignement du Focusing pour développer la perception du sens corporel (est-ce que je ressens par exemple la joie de la même manière que je ressens la sérénité ou la tendresse?). Chaque qualité évoque un ressenti différent.


«Prenez le temps de descendre votre attention à l’intérieur de vous, dans cette zone où vous ressentez habituellement les émotions (gorge, poitrine, plexus, ventre). Je vais vous présenter quelques qualités ou attitudes positives et, pour chacune, vous observerez comment cela se ressent en vous.


Je vais vous présenter d’abord la joie… Prenez le temps de bien ressentir comment la joie se manifeste en vous. Voyez comment ça se passe dans votre corps lorsque la joie y est présente… Pouvez-vous associer la joie à une posture corporelle par exemple…(Pause)


Lorsque vous avez passé un moment en compagnie de la joie, voyez si c’est possible maintenant de la laisser aller et de vous préparer à accueillir une nouvelle qualité… Je vous présente maintenant la confiance… voyez comment la confiance se manifeste lorsqu’elle est présente en vous… comment est votre corps… votre posture… votre respiration…(Pause)


Puis laissez passer cette qualité ou attitude pour faire place à la patience… voyez comment vous réagissez à la patience… est-ce difficile pour vous de faire place à la patience… quelle est la réaction spontanée qui se présente pour vous lorsque l’on vous propose la patience…(Pause)


Voyez maintenant la souplesse… la créativité… la sérénité… l’humour… la compassion… (Il est possible de varier les qualités et les attitudes en fonction du groupe et de l’inspiration du moment)…


Vous est-il possible de ressentir chacune de ces qualités ou attitudes positives? Y en a-t-il une qui serait appropriée pour vous en ce moment? Une qui vous plaît ou vous attire plus que les autres et que vous aimeriez développer dans votre vie?
Prenez le temps de choisir une qualité ou attitude positive que vous aimeriez développer dans le contexte actuel de votre vie. Ce peut être l’une de celles mentionnées ou n’importe quelle autre qui vous conviendrait…(Pause)


(Demander aux gens de vous faire signe lorsqu’ils ont choisis une qualité)


Maintenant que vous êtes en contact avec l’attitude ou la qualité que vous désirez développer, voyez s’il y a quelque chose qui vous empêche de la développer pleinement.


Si quelque chose vous en empêche, prenez le temps de ressentir globalement cet empêchement dans votre corps… voyez si vous pouvez reconnaître cet obstacle et en prendre une certaine distance. Avez-vous besoin de dire quelque chose à ce qui interfère? Peut-être que vous pourrez y revenir plus tard…(Pause)


Ramenez votre attention à l’intérieur de vous à l’endroit où vous pouvez ressentir la qualité que vous désirez développer et vérifiez si vous êtes maintenant un peu plus en contact avec cette qualité. Comment cela se ressent-il? …(Pause)


Permettez vous de sentir ce qui se passe en vous quand vous vous posez la question : «Comment je me sentirais dans mon corps, dans ma vie si cette attitude ou qualité était déjà complètement intégrée?».


Permettez-vous d’imaginer un peu votre vie quotidienne, vos prochaines actions imprégnées de cette qualité. Amplifiez-la. Respirez-la pleinement et prenez le temps de la savourer…(Pause)


Prenez le temps de compléter cet exercice à votre manière et, quand vous serez prêts, revenez tranquillement au groupe en gardant avec vous le ressenti positif ou quoi que ce soit qui vous reste de cette expérience.»

L'objet d'attention

En Focusing nous portons attention à quelque chose qui est présent en nous. On dit qu'il y a un sujet (il y a moi) qui porte attention à un objet (il y a ça). L'objet d'attention peut être n'importe quelle situation présente dans notre vie. Il est aussi possible de porter attention à une partie du corps, à une relation ou à une qualité quelconque.

Un des objets d'attention peut être, par exemple, la respiration. Lorsque je porte attention à ma respiration sur le mode du Focusing, je peux m'attarder à reconnaître comment est ma respiration en ce moment. Je trouverai peut-être un mot ou une image pour la décrire.

La particularité de l'approche Focusing est cet intérêt manifesté envers ce que nous portons. Une relation s'établit avec une partie de nous qui demande notre attention ou à laquelle nous avons choisi de nous intéresser.

Plusieurs exercices composés au fil du temps par les intervenants en Focusing, vont permettre aux participants d'une classe ou d'un groupe quelconque de s'intéresser en même temps à un même objet d'attention.

Afin de faciliter l'introduction au processus de Focusing, nous présenterons sur ce blog quelques exercices pouvant être utilisé auprès de publics variés et dans différents contextes. Vous y trouverez entre autres:
  • L'écoute intérieure
  • Le dégagement d'espace
  • L'ancrage corporel
  • La maison d'accueil 
  • Une qualité en soi
  • Le temps qu'il fait en soi
Il est relativement facile d'introduire ces exercices en en faisant simplement la lecture à voix haute et avec un débit de voix assez lent incluant des poses multiples afin de laisser le processus intérieur de chacun des participants se développer.

La plupart des gens à qui l'on propose ces exercices vont en obtenir un résultat (parfois agréable, parfois surprenant) et vont être en mesure de s'exprimer ensuite sur ce que l'expérience leur a apporté.

samedi 6 février 2010

Avoir une prise (étape 3)

Pour Gendlin, l'accès au ressenti corporel n'est pas suffisant pour «faire du Focusing». Pour qu'un processus soit complet, il doit y avoir un mouvement.

Dans le processus de Focusing quelque chose en nous bouge et se transforme parce qu'on lui porte attention. Afin d'aider le mouvement intérieur, il est important de pouvoir rester en présence de ce «quelque chose» qui est là et que l'on nomme le «ressenti corporel».

Ce ressenti peut être étrange et difficile à décrire au début. La plupart du temps il faut lui laisser un peu de temps pour qu'il se forme. Certaines questions, utilisées de façon judicieuse, peuvent aider à la formation du ressenti corporel. Il pourra, par exemple, se préciser par une couleur, une texture, une matière (mou, coulant ou dur comme du béton par exemple) ou une qualité émotionnelle (lourd, écrasé, rempli de peine).

Lorsque des mots ou des images viennent nous aider à préciser le sens corporel, on dit alors qu'il y a une «prise». Cette «prise» est la 3e étape du Focusing. Elle nous permettra ensuite d'entrer en relation avec ce ressenti pour en apprendre quelque chose et pour qu'un mouvement puisse se produire (étape 4).

La «prise» n'est pas une image qui peut se détacher du ressenti. Il est important par exemple de garder un lien qui nous ramène à la manière dont cette «prise» se ressent à l'intérieur de nous.

Une sorte d'aller et retour s'établit entre la «prise» et le «ressenti» et c'est de là que peut venir le mouvement corporel. S'il y a de la peine par exemple, Gendlin nous demande de rester en contact avec cette place qui pleure en nous. S'il y a une «incompréhension profonde» nous pouvons rester en contact avec la manière dont cette incompréhension se manifeste en nous. Des images pourront alors en émerger, ou d'autres mots, ou quelque chose de nouveau et d'inattendu.

samedi 9 janvier 2010

Les Processus de l'Attention Inter Humaine (PAIH)

Je voudrais maintenant préciser ce que j’entends par : Processus de l’Attention Inter Humaine (PAIH). Le Focusing a longtemps été perçu comme étant un acte individuel intérieur. Les derniers développements ont toutefois démontré que cette pratique d’«écoute intérieure» pouvait faire beaucoup plus que ça. Selon Gendlin la prochaine étape du développement humain après celles de l’agriculture, du commerce et de l’industrie de service est celle de l’attention entre les humains. Les gens du focusing ont une grande contribution à apporter à ces processus de l'attention entre les humains (voir le document Le Focusing en Contexte politique).

Gendlin nous propose maintenant, dans l’un de ses plus récents écrits (article paru dans le Folio tribute 2008 et qui est maintenant traduit en français), d’élaborer un peu partout dans nos milieux de travail, dans les organisations dont nous sommes membres et dans les communautés dont nous faisons partie, un type de rencontre dont les gens repartiraient nourris, entendus, soutenus et remplis. Il nous propose également de collaborer avec nos «voisins» c'est-à-dire avec toutes les autres organisations qui favorisent ce type de rencontre et d’échange entre humains.

Plusieurs groupes et organisations proposent actuellement au Québec des apprentissages et des pratiques relationnelles. J’ai déjà mentionné, dans le blog des relations humaines, le mouvement de la Justice Réparatrice et le Mouvement pour l’Encouragement de la Communauté (MEC). Plusieurs personnes pratiquant le Focusing connaissent également les groupes d’empathie issus de la pratique de la Communication NonViolente (voir l’article Focusing et Communication NonViolente). Ce ne sont que 3 exemples de ce que Gendlin nomme nos «voisins», des gens qui travaillent dans le même sens que nous afin de développer une culture de l’attention entre les humains.

Les bouddhistes nomment depuis toujours cette pratique comme étant celle de la Sangha et elle constitue le meilleur creuset de notre apprentissage de la réalité telle qu’elle est.